Québec entend «donner de l’oxygène» à l’industrie aérospatiale

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Ulysse Bergeron l 8 février 2022 l Le Devoir

Attendue par le secteur de l’aérospatiale québécois, mis à mal au cours des dernières années, la nouvelle stratégie du gouvernement Legault sera dotée d’une enveloppe de 334 millions de dollars pour assurer une croissance à long terme.

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, lors de l’annonce d’un nouvel investissement de 380 millions dans l’Airbus A220, vendredi
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, lors de l’annonce d’un nouvel investissement de 380 millions dans l’Airbus A220, vendredi

L’enveloppe consacrée à cette stratégie, baptisée « Horizon 2026 », doit être investie d’ici 2024. Ces sommes gouvernementales — dont une partie a déjà été annoncée dans le dernier budget et la plus récente mise à jour économique — visent à soutenir des investissements qui proviendront également du privé et que Québec estime à près de 2,8 milliards de dollars.

« Au cours des prochaines années, on va donner de l’oxygène à notre industrie en lui offrant un environnement d’affaires renouvelé », ce qui lui permettra d’être prête lors de la sortie de la pandémie, a affirmé lundi Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation, lors de l’annonce de sa stratégie.

Celle-ci s’articulera autour de trois axes. Tout d’abord, le gouvernement veut stimuler l’innovation, a indiqué M. Fitzgibbon : « On n’a [pas le] choix d’être plus performants. […] On veut faire le trait d’union entre la recherche fondamentale et [celle] en entreprise. »

Québec compte aussi miser sur de nouveaux créneaux, dont celui des drones, mais également sur des secteurs existants, comme celui de la défense, moins présents au Québec. Ce pan de l’industrie est moins touché par les cycles économiques que son pendant commercial.

À ce sujet, le ministre de l’Économie explique que Québec compte surtout jouer de son influence auprès de gouvernements du Canada et des États-Unis : « Notre rôle, ce n’est pas de dire aux entreprises “Allez là”. Mais est-ce qu’on peut [faire le lien], peut-être, en parlant au gouvernement fédéral ? » Ce dernier devrait prochainement octroyer un important contrat sur les avions de chasse, rappelle-t-il.

Il ajoute : « Je pense qu’on peut aider sur le plan géopolitique peut-être à une certaine ouverture. Je n’irai pas trop loin dans mes commentaires, mais il y a des projets présentement très spécifiques où les Américains regardent des valeurs ajoutées qu’on a ici au Québec. »

Pénurie de main-d’œuvre

L’ensemble de l’écosystème doit au même moment relever un défi de taille, celui de la pénurie de main-d’œuvre. « Le tiers des enjeux de création de richesse vient de [la pénurie de main-d’œuvre]. Ça va être important que nos programmes soient adéquats », a indiqué Pierre Fitzgibbon.

Selon lui, les solutions au manque d’employés passent par une hausse du nombre d’étudiants qui choisissent ce secteur en sortant de l’université, mais également par une formation continue qui répond au besoin de l’industrie et l’immigration de travailleurs qualifiés.

Un défi d’autant plus marqué que, depuis le début de la pandémie, le ralentissement notable des activités des compagnies aériennes s’est traduit par une baisse du nombre de commandes d’appareils et par des milliers de mises à pied dans l’aéronautique.

La stratégie provient d’une consultation qui a permis de recueillir plus de 90 recommandations soumises dans 24 mémoires. L’industrie s’est d’ailleurs dite satisfaite des orientations du gouvernement. La p.-d.g. d’Aéro Montréal qui représente l’industrie au Québec, Suzanne Benoît, a souligné que le gouvernement avait « entendu les besoins de nos membres » et que la présentation de la stratégie arrivait alors qu’un « vent de relance souffle sur l’industrie ».

Le dévoilement arrive trois jours après l’annonce d’une autre contribution de 380 millions de dollars du gouvernement du Québec dans le programme A220 d’Airbus, l’ancienne CSeries de Bombardier, ce qui porte à près de 1,68 milliard de dollars les investissements du gouvernement dans ce programme depuis 2016.

L’industrie aérospatiale représentait en 2020 10,5 % du total des exportations manufacturières du Québec, 36 000 emplois dans la province, et aurait généré près de 16 milliards en ventes, selon les statistiques du gouvernement du Québec.

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