Par Le Figaro avec AFP I Publié , mis à jour
Justin Trudeau a assuré que son pays était «prêt à une réponse immédiate». Le premier ministre de l’Ontario a, lui, appelé à «répondre et répondre fort».
Justin Trudeau a promis une réponse forte et rapide. Chris Wattie / REUTERS
Justin Trudeau a assuré que son pays était «prêt à une réponse immédiate». Le premier ministre de l’Ontario a, lui, appelé à «répondre et répondre fort».
Le Canada a été informé samedi par Washington que des droits de douane de 25% seraient imposés dès mardi sur les produits canadiens entrant aux États-Unis. Une exception : les hydrocarbures seront toutefois taxés à seulement 10%. Washington justifie cette décision par la volonté de forcer le Canada, le Mexique et la Chine à agir pour diminuer le trafic de fentanyl à destination des États-Unis.
Donald Trump a expliqué sur son réseau social Truth Social s’appuyer sur une loi de 1977, l’International Emergency Economic Powers Act, qui permet au président de réglementer le commerce en cas de situation d’urgence nationale. En cause, «la menace majeure que représentent les migrants illégaux et les drogues mortelles qui tuent nos concitoyens, notamment le fentanyl. Nous devons protéger les Américains et c’est mon devoir en tant que président de m’assurer de la sécurité de tous», a écrit M. Trump.
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Selon lui, la Chine exporte vers le Mexique des principes actifs permettant la fabrication par les cartels mexicains du fentanyl, ensuite vendu de l’autre côté de la frontière. Il reproche également au Mexique et au Canada de ne pas suffisamment contrôler les flux migratoires vers les États-Unis.
«Les droits de douane annoncés sont nécessaires pour forcer la Chine, le Mexique et le Canada à rendre des comptes à la suite de leurs promesses de faire cesser le flux de drogues toxiques aux États-Unis», explique la Maison Blanche sur son compte X.
Donald Trump avait assuré vendredi que «rien» ne l’empêcherait d’imposer 25% de droits de douane sur les produits en provenance du Canada comme du Mexique, ajoutant que ceux arrivant de Chine seront taxés à 10%, au-delà des droits de douane déjà existants. Il s’en prend ainsi aux trois principaux partenaires commerciaux des États-Unis, qui représentent au total plus de 40% des importations entrant dans le pays.
«Répondre et répondre fort»
Justin Trudeau a assuré que son pays était «prêt à une réponse immédiate». Samedi, Doug Ford, le premier ministre de l’Ontario, la plus riche province canadienne, a appelé à «répondre et répondre fort» en menaçant de limiter les exportations de métaux rares, d’énergie ou d’uranium.
En campagne pour sa réélection, Doug Ford s’est voulu rassurant : «Nous disposons d’outils puissants, des outils dont l’économie et l’armée américaine dépendent». De son côté, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a assuré avoir «avancé sur différents sujets» avec l’administration Trump et que «des accords sont trouvés tous les jours». Mais, faute d’accord sur les droits de douane, «nous avons un plan A, B et C», a-t-elle assuré sans apporter de détails.
Nous disposons d’outils puissants, des outils dont l’économie et l’armée américaine dépendent
Doug Ford, premier ministre de l’Ontario
Pour le Mexique, qui exporte à 85% vers les États-Unis, une hausse généralisée des droits de douane pourrait être particulièrement rude, avec un recul de 3,6% de son PIB, a estimé Wendong Zhang, professeur à l’Université Cornell.
Mais l’économie américaine elle-même serait touchée, à un moment où, portée par la consommation, elle tourne à plein régime, avec une croissance de 2,8% en 2024. Selon Gregory Daco, chef économiste pour le cabinet EY, les droits de douane prévus pourraient «entraîner un recul de 1,5% du PIB américain en 2025 et 2,1% en 2026 par rapport à nos prévisions initiales, du fait d’un ralentissement de la consommation et des investissements», sans même parler des effets de potentielles représailles.
«Est-ce que je vais imposer des droits de douane à l’Union européenne ?»
Ils pourraient également entraîner une hausse de 0,7 point de pourcentage de l’inflation sur le premier trimestre de l’année, estime-t-il, avant de voir les effets s’atténuer. D’autant que les États-Unis importent des deux pays voisins une longue série de produits agricoles, des avocats à la volaille, aux prix déjà en hausse. L’impact pourrait également être réel sur les automobiles, alors que le Canada et le Mexique représentent 22% des véhicules vendus dans le pays, selon S&P Global Mobility.
Donald Trump prépare déjà la phase suivante de sa guerre commerciale: «Est-ce que je vais imposer des droits de douane à l’Union européenne? Vous voulez la vraie réponse ou la réponse diplomatique? Absolument. L’UE nous a très mal traités».